Locuon est une ancienne trêve de Ploërdut, érigée en paroisse en 1853. Le village est édifié sur un site granitique où des carrières sont exploités depuis l'Antiquité jusqu'au début du XXe siècle.
Le mystérieux saint tutélaire de l’église Saint-Yon a donné son nom au village de Lokuon. L’édifice, bâti au milieu du XVIe siècle, est accosté au sud du porche, d’un ossuaire et d’une chapelle. Parallèle au vaisseau principal comme à Locmalo, celle-ci ouvre sur le chœur par deux arcades. À l’intérieur, le mobilier date du XIXe siècle, à l’exception du Christ en Croix (XVIe siècle).
Au nord, la chapelle des fonts et la sacristie sont plus tardives (XVIIIe siècle). Le clocher orné de figures humaines s’appuie sur un mur pignon épais renforcé par deux puissants contreforts. Il domine l’enclos paroissial avec son cimetière et son calvaire retraçant la Passion du Christ (atelier régional, XVIe siècle).
En contrebas, la chapelle Notre Dame de la Fosse doit son nom à son implantation dans une carrière exploitée dès l’Antiquité, notamment pour l’édification des monuments de Lokuon. On accède au site par un escalier à marches de granit.
Le petit édifice rectangulaire fut rebâti au XVIIe siècle en remployant des éléments du XVIe siècle provenant d’un bâtiment antérieur comme l’attestent la fenêtre en arc brisé, la console portant le blason des seigneurs de Kerfandol ou le demi-relief représentant le groupe de saint Roch.
Unique en Europe de l’Ouest, cette carrière est exploitée par les Gallo-Romains pour construire la cité de Vorgium (Carhaix). La pierre y est aisément acheminée par la proche voie romaine Vannes-Carhaix (à 50 m).
Les constructeurs apprécient ce granite riche en mica blanc qui, à l'extraction, imite un marbre clair. Tendre, homogène, il est facile à extraire : les failles (diaclases) sont espacées. On en tire des grands blocs (jusqu’à 2 tonnes).
Les traces sur la paroi rappellent un mode d'extraction antique. Deux tranchées délimitent la longueur du bloc et laissent deux lignes verticales (a). L’escoude (outil) dessine des sillons parallèles et obliques (b). Des emplacements de coins sont visibles (c).
Le site est sacralisé dès son exploitation. La statue de la déesse-mère scellée sur l'escalier (17e-18 e) et les deux autels gallo-romains, l’un creusé en bénitier, dans l'église (16 e) attestent d'un culte romain. Les croix potencées sur un des autels et sur la paroi derrière la chapelle (17 e) témoignent d'une christianisation ancienne. Au dessus, les trous quadrangulaires ont servi à encastrer les poutres d'un toit en appentis, peut-être celui d’une chapelle primitive.
Ce modeste chemin rural a un passé prestigieux : c’est une ancienne voie romaine. Désignée sous l’appellation locale de Hent Ahès, elle appartient à un itinéraire antique majeur qui unissait les villes de Nantes, Vannes, Carhaix et Gesocribate (peut-être Le Conquet). Elle apparaît ainsi sur la Table de Peutinger, copie médiévale d’une carte antique. L’itinéraire Locuon-Carhaix a peut-être emprunté un tracé antérieur qui menait notamment à la résidence aristocratique de Paule.
Des travaux d’aménagement foncier en 1995 ont épargné, sur ce tronçon, d’importants lambeaux de la chaussée observables en coupe (voir le schéma ci-dessous). Le tout formait une chaussée d’excellente qualité. Les blocs de granite de la proche carrière de Locuon ont pu être charroyés sans difficultés majeures sur des chariots à quatre roues tirés par plusieurs paires de bœufs. Il fallait environ 13 heures pour atteindre Carhaix.